La Journée sera en forme hybride !
Introduction à la Journée
William Gasparini
Professeur à l’Université de Strasbourg, Chaire Jean Monnet
Directeur de l’École doctorale Sciences Humaines et Sociales - Perspectives européennes
Je suis très heureux de vous accueillir à l’occasion de notre journée doctorale annuelle !
Tout d’abord parce qu’il s’agit de la première journée doctorale post-covid en présentiel : en effet, l’an dernier, la journée doctorale (sur le thème du « travail ») avait été organisée en distanciel alors qu’elle devait avoir lieu en présentiel à l’université de Reims ; de même, au printemps 2020, lors de la 1ère vague du Covid, en pleine pandémie, nous avions décidé de reporter la journée doctorale.
Cette journée de l’ED marque également le retour des journées doctorales annuelles sur site et à l’échelle de l’ED de Strasbourg-UHA. En effet, depuis 2017, nous organisions des journées doctorales en SHS à l’échelle de la Région Grand Est. Trois journées ont ainsi été organisées, sur des thématiques interdisciplinaires validées par les trois écoles doctorales en SHS du Grand Est : les identités, l’espace et le travail
La manifestation d’aujourd’hui sur les mémoires est organisée par notre Ecole doctorale à destination des doctorants des deux universités co-accréditée d’Alsace (Strasbourg et l’UHA).
Je voudrais saluer le travail réalisé par le comité scientifique et d’organisation de cette journée et remercier tout particulièrement les doctorants membres des différentes unités de recherche de notre École doctorale (SAGE, LinCs, E3S, LISEC, Sulisom, AMUP, ARCHE, ARCHIMEDE, CRESAT). Contrairement à certaines manifestations scientifiques, nous n’avons pas opéré une division du travail entre des organisateurs (en charge des tâches matérielles et de gestion) et des scientifiques (qui rédigent l’appel à communication, expertisent les propositions et élaborent le programme). Composé d’enseignants-chercheurs et de doctorants, le comité ici présent s’est impliqué dans toutes les tâches et à toutes les étapes de l’organisation d’une manifestation scientifique. Je voudrais également remercier Pascale Merlin qui a accompagné les organisateurs et saluer tout particulièrement Jianyu Chen pour la qualité du site de la journée. L’organisation du colloque constitue ainsi une formation doctorale interdisciplinaire en acte pour tous les doctorants qui se sont impliqués.
Pourquoi avoir choisi la thématique des « Mémoires » ?
C’est le Conseil de notre École doctorale (composé des directeurs d’UR, des représentants doctorants, des Biatss et des personnalités extérieures) qui a retenu ce thème. D’abord, parce que la mémoire est un objet interdisciplinaire qui concerne toutes les disciplines des sciences humaines et sociales représentées dans notre ED : anthropologie, histoire, psychanalyse, psychologie, sciences sociales du sport, sciences de l’éducation, sociologie, science politique, urbanisme, architecture... La mémoire désigne à la fois la capacité d’un individu, et celle d’un groupe humain, de se souvenir de faits passés et de se souvenir de lui-même.
Ensuite, la mémoire est un sujet d’actualité sans cesse renouvelé : chaque année, nous commémorons des événements passés qui font souvent l’objet de débats et de controverses car les acteurs concernés et les entrepreneurs de cause mémorielle ne partagent pas toujours la même lecture des faits passés.
Par exemple, nous venons de commémorer les 60 ans des Accords d'Évian entre le gouvernement de la République française et le gouvernement provisoire de la République algérienne. Cette date de fin du conflit algérien fait débat : est-ce que la guerre d’Algérie s’est achevée le 19 mars 1962, date des accords d’Évian, ou plutôt le 5 juillet 1962, date de l’indépendance de l’Algérie ? Entre le 19 mars et le 5 juillet, il y a eu en effet de nombreuses violences qui se sont poursuivies jusqu’au 5 juillet 1962 (assassinat de harkis, fusillade et massacre de Français d’Algérie favorables à l’Algérie française qui manifestaient dans la rue d'Isly à Alger, exode de milliers de rapatriés…).
La Guerre en Ukraine donne également à voir des manipulations des faits et des mémoires : on y voit des interprétations et des récits nationaux qui divergent entre l’Ukraine et la Russie. Là encore, il est urgent de faire de l’histoire …
Au-delà de l’histoire, la mémoire est d’abord un processus biologique qui permet de stocker et de restituer des informations. Mais pour les sciences humaines et sociales, la mémoire n’est pas un appareil photographique qui donnerait une image fidèle et objective du passé. Les individus et les groupes font travailler la mémoire, peuvent l’instrumentaliser, sélectionnent des faits du passé et en oublie d’autres, font resurgir leur mémoire inconsciemment dans leurs actes et dans leurs projets.
La mémoire est ainsi :
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Une construction de récits mémoriels collectifs par des institutions (famille, école, syndicat, association) et par des entrepreneurs de mémoire et de cause
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Un partage avec des mémoires communes pour différentes communautés humaines avec des récits partagés
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Des divergences et des conflits entre mémoire individuelle et mémoire collective
Nous avons retenu ces trois axes pour regrouper les communications et organiser les différentes sessions.
La Journée d’études « Mémoire(s)» entend ainsi interroger le pluralisme de regards sur les mémoires dans les disciplines des SHS à partir des recherches en cours des doctorants de l’École doctorale Sciences Humaines et Sociales – Perspectives européennes. Les communications inviteront à l’échange interdisciplinaire, qui est l’un des objectifs de notre Ecole doctorale. Cet échange se poursuivra à l’écrit car la revue Strathèse lancera prochainement un appel à articles pour son prochain dossier qui portera sur le thème de notre Journée doctorale. J’invite évidemment tous les communicants à soumettre un texte sur la base de leur communication.